Bénédicte TOUSSAINT, Frédérik OGER Xavier MARÉCHAL Raphaël BOUTRY Mehdi DERHOURHI Philippe FROGUEL Amélie BONNEFOND Raphaël BOUTRY

Univ. Lille, Inserm, Chu Lille, Institut Pasteur De Lille, Cnrs, U1283-Umr 8199-Egid, Lille, France

L’impact d'un régime riche en graisse et en sucre (HFHS) sur les ARN des tissus métaboliques est bien documenté1,2. Cependant, ses effets sur la traduction de ces ARN codants ou supposés non codants (translatome) sont méconnus. Une méthodologie récente, appelée Ribo-seq3, constitue une alternative novatrice à la spectrométrie de masse, laquelle présente de nombreuses limitations analytiques. Des souris ont été soumises à un régime HFHS pendant 10 semaines (avec prise de poids de 25%), puis nous avons analysé leur translatome (par Ribo-seq) et leur transcriptome total (par RNA-seq) dans six tissus métaboliques : cerveau, rein, cœur, foie, tissu adipeux brun et tissu adipeux blanc (sous-cutané). Le régime HFHS entraine dans les tissus adipeux, le rein et le foie une dérégulation principalement transcriptionnelle (nombre moyen d’isoformes transcrits augmentés : 827 ±239, diminués : 883 ±210 ; versus nombre moyen d’isoformes traduits augmentés : 355 ±61, diminués : 395 ±104). A l’inverse, le cerveau et le cœur présentent principalement une dérégulation traductionnelle (nombre moyen d’isoformes transcrits augmentés : 40 ±2, diminués : 69 ±21 ; versus nombre moyen d’isoformes traduits augmentés : 148 ±10, diminués : 196 ±30). Contrairement au principe selon lequel la modulation de la traduction suit celle de la transcription, le chevauchement des transcrits surexprimés à l’échelle transcriptionnelle et traductionnelle dans l'ensemble des tissus métaboliques est extrêmement limité (Figure). Cette étude expérimentale montre que l’analyse unique du transcriptome peut être trompeuse en physiopathologie. Il convient donc de considérer toutes les composantes de l'expression génique afin de mieux comprendre les effets fonctionnels en réponse à un régime HFHS. L’analyse du translatome offre une perspective plus complète de la réponse cellulaire face aux perturbations métaboliques, et leurs conséquences physiopathologiques dans l’obésité et le diabète de type 2.

Les auteurs déclarent ne pas avoir d'intérêt direct ou indirect (financier ou en nature) avec un organisme privé, industriel ou commercial en relation avec le sujet présenté.

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